Par Laurent Favre, conseiller national (PRD/NE),
Président de Suisse Eole
Les groupes électriques Axpo et FMB ont déposé il y a quelques jours leurs demandes d’autorisation pour le remplacement des centrales nucléaires de Beznau/AG et de Mühleberg/BE. Le référendum est déjà annoncé par le PS, les Verts et leurs alliés. Le peuple pourrait se prononcer en 2014. Le débat nucléaire est donc relancé pour un tour.
Avant toute considération, il s’agit de garder à l’esprit ce que dit notre toujours très actuel article constitutionnel relatif à la politique énergétique : « La Confédération et les cantons s’emploient à promouvoir un approvisionnement énergétique suffisant, diversifié, sûr, économiquement optimal et respectueux de l’environnement, ainsi qu’une consommation économe et rationnelle de l’énergie ». Il s’agit effectivement de garantir une solide sécurité d’approvisionnement à nos habitants et entreprises.
Les spécialistes du marché de l’énergie s’accordent à dire qu’à l’aube de 2020, la pénurie en électricité sera bien réelle. La progression de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables ne suffiront pas à compenser d’une part l’arrêt des centrales nucléaires de Mühleberg et Beznau et, d’autre part, l’augmentation de la consommation d’une population en croissance, dont les déplacements motorisés s’électrifieront toujours plus. Sans compter qu’à la même période, les contrats d’importation électrique avec la France arriveront à échéance.
Par ailleurs, signataire des accords de Kyoto, notre pays doit prendre des mesures visant la diminution des émissions CO2. Il est reconnu que la production électrique nucléaire est très économe en matière de CO2, ce qui en fait une alliée précieuse dans la lutte contre le réchauffement climatique. Notons encore qu’avec un coût de production d’environ 5 cts/kWh, cette technologie garantit une source bon marché, particulièrement intéressante pour répondre aux craintes de voir les prix exploser à long terme.
En plus du renouvellement de ces 2 centrales, il est crucial que notre pays s’engage intensivement sur la voie des énergies renouvelables. Bien que leader en matière d’hydroélectricité, nous ne devons pas en rester là. Diverses autres sources énergétiques – photovoltaïque, géothermie, éolien, biomasse – bénéficient de potentiels de production très importants, mais génèrent aussi des technologies créatrices de milliers de nouveaux emplois. Ceci à l’inverse du pétrole, dont la forte valeur ajoutée est majoritairement exportée.
Les énergies renouvelables s’imposeront tôt ou tard vu leurs sources intarissables. La maîtrise de ces technologies est et sera pourvoyeuse de nombreux emplois de haute valeur ajoutée. Il est dès lors primordial que notre pays, notre canton travaillent à encore mieux se positionner en matière de recherche appliquée. A ces fins, en cette session, j’ai déposé une intervention parlementaire demandant la création de pôles de recherche en énergies renouvelables.
Malgré son potentiel, comme les experts, je ne crois pas en un approvisionnement énergétique assuré exclusivement par des sources renouvelables dans la première moitié du 21ème siècle. Dès lors, le renouvellement de 2 centrales nucléaires est nécessaire à l’approvisionnement électrique du pays. Elles permettront de plus une substitution sensible du pétrole par la voie électrique.
La technologie nucléaire est bien maîtrisée, son coût est favorable, elle ne dégage que peu de CO2 et la gestion intérieure des déchets est en bonne voie. Il n’y a dès lors pas de raison d’opposer - aujourd’hui - le nucléaire au renouvelable. Ce combat est stérile.
18.12.2008 - 
